Ottawa, 11 septembre 2020 — Alexis Brunelle-Duceppe, député de Lac-Saint-Jean et porte-parole du Bloc Québécois en matière de coopération internationale, Simon-Pierre Savard-Tremblay, député de Saint-Hyacinthe—Bagot et porte-parole en matière de commerce international, et Stéphane Bergeron, député de Montarville et porte-parole et matière d’affaires étrangères, dénoncent les violations systématiques des droits humains relevées au Chili, auxquelles sont notamment impliquées plusieurs entreprises canadiennes.
Suite à la parution du rapport de la mission d’observation québécoise et canadienne au Chili, les députés appellent le gouvernement de Justin Trudeau à dénoncer publiquement les horreurs perpétrées au Chili sous le gouvernement du président Piñera, à ramener à l’ordre les entreprises canadiennes manquant à leurs devoirs internationaux et à donner à l’Ombudsman canadien de la responsabilité des entreprises (OCRE) un réel pouvoir d’enquête.
« Depuis l’explosion de la crise sociale en octobre 2019, on constate une répression généralisée inadmissible, s’indigne M. Brunelle-Duceppe. Les violences, les abus sexuels, les détentions non enregistrées, l’utilisation massive de gaz lacrymogènes, les agressions contre les journalistes et le personnel de santé et les procédures judiciaires négligentes sont le lot quotidien du peuple chilien, avec la complicité tacite d’Ottawa. »
Le Canada abrite le siège social de plus de 40 entreprises minières faisant des affaires au Chili, qui à elles seules promeuvent plus de 100 projets. On note également de nombreux investissements canadiens dans les infrastructures sanitaires et électriques chiliennes.
« Nos entreprises minières étendent leurs activités jusqu’au nord du pays, un endroit où le stress hydrique est le plus marqué au pays, et sont impliquées dans plusieurs conflits, notamment à Antofagasta, cas emblématique où la population se contente d’eau désalinisée pendant que nos minières utilisent massivement l’eau douce, ajoute Simon-Pierre Savard-Tremblay, qui a participé à la mission d’observation. Des projets de nos minières se font sans consultation, sans études d’impacts socio-environnementaux, pendant que le Canada regarde ailleurs. »
Notons également les investissements détenus par les régimes de retraite des enseignantes et enseignants du primaire de l’Ontario dans les infrastructures de distribution de l’eau, détenues par une entreprise canadienne, et qui vendent à la population chilienne l’eau potable la plus chère de l’Amérique latine. « On ne peut rester muet alors qu’Exportation de Développement Canada a approuvé des prêts exorbitants à des entreprises fautives », ajoute M. Savard-Tremblay.
« Les privatisations à outrance et l’accumulation d’injustices sociales devaient inquiéter le gouvernement du Canada, qui se présente comme un ardent défenseur des droits humains, surtout lorsque des entreprises canadiennes sont en cause, juge le député Stéphane Bergeron. Les intérêts économiques de ces dernières ne sauraient justifier qu’on ferme les yeux sur l’exploitation abusive des ressources naturelles et de la main-d’oeuvre locale. Les entreprises canadiennes devraient se sentir liées, à l’étranger, par les valeurs et l’encadrement législatif
prévalant au Canada. Dans cet esprit, il est impératif que l’Ombudsman nommé en 2019 soit doté de réels pouvoirs pour lui permettre de s’acquitter pleinement du mandat qui lui a été confié. Il est inadmissible que les victimes doivent s’adresser aux tribunaux faute de résultats probants du côté de l’Ombudsman. Je sais le ministre des Affaires étrangères conscient des lacunes du système actuel, mais il ne suffit pas de se montrer empathique, il faut agir! »
La mission d’observation s’est déroulée du 18 au 27 janvier 2020, et réunissait des membres de la Centrale des syndicats du Québec, de la Chaire de recherche du Canada en Sociologie des conflits sociaux, de l’Observatoire Violence, criminalisation et démocratie, du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté, du Groupe de recherche sur les imaginaires politiques en Amérique latine (GRIPAL), du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM), du Parlement du Canada et de l’Assemblée nationale du Québec.