Sur Brian Mulroney

J’ai répondu hier aux questions de Sandrine Vieira en vue d’un article publié aujourd’hui dans Le Devoir.

J’en profite pour développer un peu :

  • Brian Mulroney est le dernier à avoir essayé de reconnaître le caractère distinct du Québec. Une étiquette aussi timorée que « société distincte » représentait déjà trop pour le régime canadien, complètement irréformable. Le « fédéralisme renouvelé » n’a jamais été mon option. Mon option, c’est l’indépendance, et j’aurais sans doute démissionné du caucus du Parti québécois avec les Jacques Parizeau et Camille Laurin à l’époque où René Lévesque voulait courir le « beau risque » d’appuyer les progressistes-conservateurs au nom d’un plus grand respect du Québec. Il demeure que la bonne foi de Mulroney était évidente, si bien qu’une partie du mouvement indépendantiste a vu momentanément cet adversaire comme un allié, qui lui-même se voyait assurément comme un allié du Québec. Il aura démontré qu’il n’y avait rien à faire au sein du Canada.

 

  • La campagne de 1988 est en quelque sorte un second « beau risque » impliquant la participation active du Québec et du mouvement indépendantiste, cette fois sur la question du libre-échange. Jacques Parizeau et Bernard Landry ont été à l’avant-plan de cette bataille. Le libre-échange est allé trop loin au cours des années 1990, et est devenu incontrôlable, mais il a permis dans les années 1980 au Québec à sortir de l’étroit cadre économique canadien. Le Québec est maintenant une économie exportatrice faisant bien plus affaire avec les États-Unis qu’avec le Reste du Canada. En 1988, nous avons fait l’histoire. (Petite mise au point quant à ce qui est mentionné dans l’article : l’Accord de libre-échange de 1988 n’incluait pas le Mexique).

 

  • Brian Mulroney représente aussi un courant complètement disparu du paysage politique canadien. Si le « progressisme-conservateur » et les politiques de privatisations et de déréglementations du gouvernement Mulroney ne sont pas ma tasse de thé, j’ai un profond respect pour tous ceux et celles qui pouvaient s’y reconnaître et qui en sont aujourd’hui orphelins. Le Parti conservateur est aujourd’hui le descendant du Reform Party, qui a été fondé, en grande partie, CONTRE le gouvernement Mulroney et sa modération.

Pour finir, merci à la journaliste de me qualifier encore de « jeune député »!